Cette résidence s’est tenue en mars 2025. À ce moment, la lune indiquait pour certains le début du Ramadan. Et je crois que cela ne pouvait pas mieux tomber. L’invitation à rester à l’intérieur, à partager autrement, trouvait alors un écho particulier. Ce temps suspendu a ouvert un espace rare : celui où l’on peut échanger, se confier, révéler des parts vulnérables, sans peur.
Dans ce mouvement, j’ai senti passer un courant invisible. J’ai tenté de le canaliser au-delà de la fresque, à travers la poésie, la parole et la captation du réel. Mon langage, en devenant passage, a ouvert un espace que nous avons traversé ensemble, jusqu’à ce que chacun y trouve sa propre résonance.
Les élèves-artistes ont glissé, comme un secret, leurs signes personnels dans le langage que je leur avais transmis. L’envie était trop forte ! Entre les flammes et les formes, ils ont inscrit leurs symboles comme des traces de soi, des indices intimes à deviner dans la fresque.
Créer une œuvre collective et participative, représente pour moi une manière de pousser plus loin cette idée de faire corps ensemble. Dans une société souvent fracturée, dans une période de vie aussi mouvante que l’adolescence, au cœur d’un collège, il y a une force immense à pouvoir être soi tout en avançant dans la même direction. Pouvoir faire, créer, exister côte à côte, c’est déjà un geste de partage. La création d’une mémoire, d’une trace, d’un je, d’un nous.
La fresque, aujourd’hui, est ce qu’elle est. Mais elle ne serait rien sans ce temps de création et de partage. Rien sans ces moments où chacun a pu, à sa manière, s’enflammer, se déposer, s’unir. Ce qui demeure, au-delà de la peinture, c’est ce feu collectif, doux et tenace, qui continue de brûler en nous.